✒︎ À sens unique.

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Quand donner épuise.


Toute ma vie, j'ai semé autour de moi sans jamais compter. J'ai toujours placé le bonheur des autres avant le mien, croyant fermement que c'était ainsi que l'on aimait vraiment. Donner, soutenir, consoler était devenu mon langage naturel, une évidence. Même dans les moments où je n'avais rien à offrir, je puisais dans mes dernières réserves pour partager un peu de réconfort, un sourire chaleureux, simplement par amour ou par amitié sincère.

Chaque personne entrée dans ma vie a emporté avec elle une partie précieuse de mon âme, un fragment de moi-même que je donnais avec tendresse pour panser leurs blessures et les aider à guérir. Ils ont accepté ces offrandes avec reconnaissance, se sont relevés, mais aujourd'hui je suis celle qui est tombée, celle qui est vidée, démunie, épuisée. Je me sens telle une coquille vide, où il ne reste que l'écho douloureux de tout ce que j'ai offert sans jamais compter.

Dans ce vide immense, alors que je vacille au bord du précipice, personne ne semble percevoir ma détresse. Aucune main ne se tend vers moi avec cette même compassion, cette même bienveillance que j'ai toujours eue pour eux. Au fil du temps, j'ai réalisé avec amertume que j'étais la seule à donner sans réserve, espérant inconsciemment que cette bienveillance serait un jour réciproque.

Avant de sombrer totalement, j'ai tenté d'envoyer des signaux, des appels discrets, silencieux mais sincères à l'aide. Mais les seules réponses que j'ai reçues furent fades, presque indifférentes : « ça va passer ». Ces mots n'ont fait qu'agrandir mon sentiment d'abandon. Jamais je n'ai ressenti, en retour, cette énergie puissante, ce soutien fidèle que j'ai toujours offert avec tant d'amour.

Aujourd'hui, alors que c'est moi qui suis de l’autre côté, tout ce que j’ai en retour, c'est ce silence, cette solitude. Je me sens abandonnée par ceux pour qui j'aurais tant donné. J'avance en cherchant une lueur dans l'obscurité, mais autour de moi, je ne vois que la pénombre, personne ne semble vouloir rallumer la flamme que j'ai si souvent entretenue pour eux.

Maintenant que j'ai ouvert les yeux, j'ai décidé de ne plus laisser les autres se servir de moi, protégeant mon âme, ceux qui avaient l'habitude de prendre sans compter sont étonnés par ce refus soudain. Ils diront certainement que j'ai changé, que je suis devenue égoïste, mais en vérité, je suis simplement lassé. Lassé de me laisser piétiner, lassé de voir ma gentillesse exploitée, lassé d'être celle qui donne tout sans jamais recevoir en retour.


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